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Rien ne va plus entre le président philippin, Ferdinand Marcos Jr, fils de l’ex-dictateur mort en 1989, et sa vice-présidente, Sara Duterte, 46 ans, fille de l’ex-président Rodrigo Duterte (2016-2022). Leur brouille a pris une tournure quelque peu alarmante dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 novembre quand Mme Duterte a, lors d’un point de presse en ligne, répondu à un vlogueur inquiet pour elle : « Ne vous inquiétez pas pour ma sécurité car j’ai déjà parlé à quelqu’un. Je lui ai dit que si je me faisais tuer, il fallait tuer BBM, Liza Araneta et Martin Romualdez. Je ne plaisante pas, je ne plaisante pas », a-t-elle fulminé.
« BBM » désigne le président, Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr, Liza Araneta, son épouse, et Martin Romualdez, son cousin, président de l’Assemblée nationale. La vice-présidente affirme donc avoir pris ses dispositions pour qu’un tueur à gages se venge contre ces trois personnalités si elle-même était assassinée.
Aujourd’hui à couteaux tirés, les deux familles étaient autrefois de proches alliées : « Bongbong » a été élu en 2022 grâce à la popularité de son prédécesseur, le populiste Duterte (les présidents philippins n’ont droit qu’à seul mandat), qui a placé sa fille à ses côtés comme vice-présidente. Mais cette entente s’est vite délitée. Les Duterte sont aux abois : le père, toujours visé par une enquête de la Cour pénale internationale pour sa « guerre contre la drogue », fait l’objet depuis le 13 novembre d’une commission d’enquête à la Chambre des représentants. Sa fille, elle, est entendue depuis septembre par une autre commission d’enquête de la Chambre pour des détournements de fonds effectués à son poste de vice-présidente – après l’avoir été en 2023 pour des détournements de fonds lorsqu’elle était secrétaire à l’éducation, un poste dont elle a démissionné. Ces procédures pourraient mener à son impeachment après un vote au Congrès, sur le modèle américain.
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la « sortie » de Mme Duterte. La vice-présidente, qui se décrit comme victime d’une cabale visant à torpiller ses chances à la prochaine présidentielle, en 2028, refuse depuis des semaines de se prêter aux interrogatoires et même de prêter serment devant les députés. Son entourage fait également obstruction. Au point que le 20 novembre, le comité de bonne gouvernance de l’Assemblée, qui entendait sa cheffe de cabinet, Zuleika Lopez, a ordonné le placement de celle-ci en détention dans la Chambre des représentants pour « entrave abusive aux procédures ». Le lendemain, le 21 novembre, Mme Duterte emménage dans le bureau de son frère, député, au Parlement, pour soutenir sa cheffe de cabinet. Or, le vendredi 22 novembre en fin de journée, les députés ordonnent le transfert de Mme Lopez dans une prison pour femmes…
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